LES MAITRES
De nombreuses écoles apparurent dans tous les pays de l'Islam
mais aussi en Inde et jusqu'en Andalousie, développant chacune
la richesse de l'art local et a fortiori leur propre style. Nombreuses
de ces écoles furent influencées pendant l'âge d'or
de la civilisation musulmane du VIIIème au XIIIème siècle,
où une des grandes écoles, celle de Bagdad fût marquée
par trois grands maîtres. Le domaine architectural, pictural ou
philosophique fût empreint de ce savoir d'initiés. Le premier
Ibn Muqla (mort en 940), vizir de Bagdad et " prince des calligraphes
" a codifié les proportions de l'écriture et a défini
les six écritures de base, s'inspirant des uvres gracques.
Avec Ibn Muqla, la calligraphie devient une science des proportions
et un art du geste, une géométrie et un envol. Les calligraphies
deviennent des pièces recherchées et coûteuses :
elles se placent sur un marché et atteignent des prix étonnants
(ce qui encourage les faussaires...). Les calligraphes bénéficient
du statut social le plus élevé parmi les artistes.
Plus d'un siècle plus tard, un autre maître de l'école
de Bagdad, Ibn Bawab (12ème siècle), donna une nouvelle
dimension à la lettre. Il considéra la lettre comme "à
l'image d'un être humain divisé en tête, corps et
jambe". Toujours issu de la même école, au 13ème,
un autre maître, Mustalsimi, vit dans la lettre une dimension
encore plus spirituelle, la calligraphie serait "une forme architecturale
qui accueille l'âme de la lettre".
La calligraphie arabe contemporaine et française compte parmi ses
grands maîtres Hassan
Massoudy. Né en Irak en 1944, c'est à partir de 1961 qu'il travaille
à Bagdad avec des calligraphes grâce auxquels il apprend son métier.
Quelques années plus tard, en 1969 il se rend à Paris et entre à l'Ecole
des Beaux Arts. Ses créations sont le fruit d'une rencontre entre le
passé et le présent, entre l'art oriental et l'art occidental, entre
la tradition et la modernité. Il perpétue la tradition de la calligraphie
tout en rompant avec elle. Il épure son trait, tend vers une grande
simplicité de la ligne et fait intervenir la couleur.Il calligraphie
des phrases écrites par de grands poètes, de grands écrivains, ou de
la sagesse universelle. Son oeuvre est traversée par une culture humaniste.
L'émotion ressentie à la vue de ses œuvres est provoquée par le mouvement
des lignes, leurs poids, leur légèreté, leur transparence, le rapport
entre les couleurs, le plein et le vide, le concret et l'abstrait. Artisan
calligraphe, prolongeant l'esprit de cet art de la belle écriture, il
fabrique ou invente ses outils, prépare lui-même ses encres à partir
de liants et de pigments colorés, choisit ses papiers. "On admire chez
Hassan MASSOUDY l'usage magistral qu'il fait de la couleur dans ses
compositions. Il a des lavis opalescents, des chevelures d'émeraudes,
des camaïeux de beiges qui s'enrichissent de profondeurs boisées et
d'arômes de santal. C'est une ère nouvelle qui s'ouvre ainsi à la calligraphie.Oui,
les amateurs d'antiquité et d'exotisme risquent d'être déçus. Hassan
MASSOUDY n'est pas le fossile vivant de la vieille calligraphie arabe...
C'est un artiste de notre temps. Son art appartient à cette fin de XXème
siècle, malgré les racines millénaires qu'il plonge dans la tradition
de l'Orient." Michel TOURNIER
Le Tunisien Nja
Mahdaoui est un plasticien du signe libre au sens de l'esthétique
pure. Il a une approche purement abstraite : le signe, tel une calligraphie
dénuée de sens et la couleur sont là pour magnifier le conte d'amour.
Il enjolive des manuscrits, des robes et... des avions. On lui doit
l'habillement stylé du fuselage de toute la flotte d'avions de Gulf
Air à l'occasion du 50e anniversaire de la compagnie aérienne du Golfe
Persique .
Il a travaillé dans plusieurs directions de l'art et notamment dans
le domaine de la chorégraphie au sens scénique du terme -performances
: corps écriture et concept corps- écriture, gestuelle théâtre -danse,
toujours à partir du signe et des GRAPHÈMES libres : cf. son dernier
spectacle CHRARA.
Itinéraire artistique : - Depuis 1965 : expose et participe à plusieurs
biennales internationales d'art - 1967 - Diplômé de l'Académie Santa
Andrea de Rome, Italie (cours de Dr. Giotta FRUNZA' ancienne élève de
BRANCUSI) - Séjourne à la Cité Internationale des Arts à Paris (boursier
de l'État Tunisien) -Candidat libre à l'Ecole du Louvre (Département
des Antiquités Orientales)
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